La sobriété énergétique, notre destin obligé !

Cinq ans après les accords de Paris, le défi à relever reste immense : à ce jour, la somme des efforts climatiques présentés par les pays signataires de cet accord mène encore à un réchauffement climatique supérieur à +3°C qui a toutes les chances de nous faire perdre le contrôle de l’évolution anthropique du climat.

ParisPente

« ….Certes, des avancées sont déjà en marche, comme le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique des bâtiments, mais le rythme de ces progrès est encore trop lent et ne permet pas de tenir les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre fixés par exemple dans la LTECV (Loi sur la Transition Énergétique pour une Croissance Verte) de 2015.

Surtout, s’imaginer que les progrès techniques suffiront à nous sortir de l’impasse est un leurre. Il n’y aura pas de solution seulement technologique. Le problème est plus profond : il questionne les fondamentaux même du fonctionnement de nos sociétés. L’économie libérale est basée sur la nécessité d’une croissance perpétuelle. Pour l’assurer, le recours massif à une consommation d’énergie toujours plus effrénée est présenté comme incontournable. Si on remet en cause ce postulat, des spectres sont agités : fin du progrès, chômage de masse, régression sociale.  Avoir la croissance économique, donc énergétique, comme seul moteur d’évolution de nos sociétés a pu avoir sa pertinence dans le passé. Mais le dogme devient totalement obsolète dès lors qu’il met en péril les grands équilibres de notre écosystème planétaire. C’est bien à une remise en cause globale de notre modèle économique et de nos modes d’organisation et de vie individuels et collectifs que nous sommes convoqués. Le concept de sobriété fédère cette nouvelle exigence : comment changer nos modes de vie afin de nous sevrer de l’ébriété énergétique ? La sobriété doit être réaffirmée comme le premier axe structurant de la transition énergétique. Sans un virage rapide vers un monde sobre, la transition énergétique échouera.

Tâche ardue, puisqu’elle remet en cause nos modes de vie et les fondements même de notre économie, la sobriété peut pourtant progresser dès aujourd’hui en suivant des voies ouvertes par des « graines de possible ». Les mesures concrètes à décider sont nombreuses comme, par exemple, favoriser à tous les niveaux les initiatives de partage, d’échange et de valorisation des comportements sobres, généraliser l’éducation à la transition dans les écoles, les lycées et les universités et promouvoir l’alimentation sobre. Surtout, au-delà des initiatives individuelles, les pouvoirs publics doivent résolument s’engager, au niveau national pour mettre en œuvre un changement structurel global par exemple dans les domaines de l’aménagement du territoire, des transports collectifs et des technologies low tech et au niveau des territoires pour fédérer les initiatives locales et mettre en place les infrastructures favorables aux pratiques sobres. Les entreprises ont également un rôle clé à jouer pour infléchir l’économie vers des valeurs plus sociales et environnementales à l’instar des acteurs de l’ESS.

Tout est encore possible donc, c’est aussi ce que dit le dernier rapport du GIEC, question de volonté politique. Il urge donc de donner ses lettres de noblesse à la sobriété, aujourd’hui trop connotée négativement. La sobriété est au contraire porteuse d’un nouveau modèle de société plus résiliente, d’intelligence environnementale accrue et de meilleure cohésion sociale, nous sortant par le haut du paradigme consumériste devenu inadapté et anxiogène. Gageons qu’avant de devoir la subir quand l’état de la planète ne nous laissera plus d’autre alternative, nous aurons l’intelligence collective de la choisir ! »

Patrick Behm Responsable du groupe de travail
Transition Energétique Citoyenne Labo de l’ESS

Accéder à l'article complet sur le site du Labo de l’ESS Sobriété énergétique Transition Énergétique Citoyenne

Comment localement tenter de faire émerger « La Sobriété » ?

Désormais la société civile a pris conscience de sa dépendance aux énergies fossiles, du dérèglement climatique, de la perte de biodiversité, des atteintes à l’environnement, mais elle se montre incapable de mettre en œuvre les leviers d’actions de réduction de ses excès non compatibles avec la vie humaine sur terre, du fait notamment des décisions en mouvements de balanciers indignes de notre démocratie.

Tous les niveaux politiques se fixent un objectif ambitieux, la neutralité carbone en 2050. Mais les décisions prisent quotidiennement ne vont pas dans cette direction, essentiellement pour cause d’absence d’objectifs du temps long, suffisamment rigoureux et intangibles.
Seules des courbes de tendance globales trop éloignées des citoyens retiennent régulièrement l’attention; elles restent préoccupantes : pénétration insuffisante des Énergies Renouvelables (ENR), Gaz à Effet de Serre (GES) à plus 20% par rapport aux accords de Paris, baisse de consommation d’énergie non suffisante, etc. …

Mais que ce soient les régions, les départements, les intercommunalités (sans juger quel est le niveau de trop !) ou les citoyens, aucun n’a véritablement d’indicateur boussole ou de maitrise du curseur de ses émissions de GES, des pollutions par les micro particules, de réduction de consommation d’énergie, de production d’ENR et bien sûr ne dispose d’une gouverne assez puissante pour aller vers un environnement davantage préservé, décarboné et plus solidaire.

Hors affichage national, nous ne disposons pas naturellement d’indicateurs dédiés qui puissent objectiver à conduire la transition, aucun n’étant clairement accepté, cadré, revendiqué, donc suivi !
Sans réaction systémique et déclinaison d’objectifs clairs, c’est-à-dire à tous les niveaux de décision, toutes nos actions seront vouées à l’échec…

Localement le Plan Climat Air Énergie Territorial de la Communauté de Communes Saint-Marcellin-Vercors-Isère et le Contrat de Transition Écologique Royans-Vercors, PCAET ou CTE, devraient pouvoir compléter la prise de conscience et de décision en s’apparentant à des boussoles du climat et en fixant des indicateurs que les élus et les citoyens doivent pouvoir s’approprier et décliner localement en véritables « Projets de territoire ».

Au niveau de nos associations, la production d’ENR devra bien évidemment être amplifiée, mais à quelles missions complémentaires s’atteler prioritairement sur les deux prochaines années ?

 

Par quels moyens prévoyons nous d'agir ?

Une implication militante aux instances du PCAET : présentation du diagnostic et de la gouvernance

Le travail du Groupe Économie d'Énergie devenu COllectif BAs CArbone (COBACA)